Conseils pour gérer avec bienveillance les émotions de mon enfant
Introduction
Comme parents, nous sommes exposés à une grande variété de sources d’informations. Il est donc normal d’en arriver à un point ou l’on se sent dépassé, voire coupable de ne pas être en mesure d’appliquer les stratégies recommandées. Parfois, ces mêmes stratégies peuvent se contredire, ne pas porter fruit ou nous paraitre irréalistes. Accompagner les émotions des enfants peut alors devenir une expérience coûteuse, alors que cela pourrait être une occasion de nous rapprocher comme famille.
Mettre en contexte les situations avant d’appliquer des trucs
De façon générale, on doit garder en tête qu’il n’existe pas de formules magiques s’appliquant à toutes les situations. Pourquoi ? Puisque dans chaque situation, les individus évoluent dans des environnements différents et interagissent de façon particulière. Bien que de grandes lignes de conduite éducative existent pour nous guider dans nos interventions en tant que parents, il est important de replacer dans son contexte particulier la situation difficile rencontrée avant d’appliquer une stratégie donnée. Pour cela, il est important de se rappeler que :
Tout comportement ou émotion inconfortable apparait toujours après ce qu’on appelle une situation déclencheur (un évènement précurseur). Par exemple, l’enfant se montre irritable et proteste aussitôt qu’on lui rappelle de se lever le matin.
Il y a toujours des réactions de l’environnement ou de l’enfant qui suivent un comportement ou une émotion inconfortable. Par exemple, le parent s’énerve parce que son enfant ne se presse pas pour aller à l’école.
Ainsi, avant d’appliquer une recette miracle dans une situation (ex. la technique 1, 2, 3), on doit d’abord observer ce qui se passe avant et après le comportement difficile. Ensuite, on ajuste notre intervention à l’enfant selon ses intérêts, ses besoins et sa capacité à faire face à la situation. Par exemple, si l’enfant manque de sommeil (situation déclencheur) et s’inquiète pour un examen à l’école, il se peut qu’il soit plus irritable le matin venu. Dans ce cas, appliquer la technique 1, 2, 3 risque d’augmenter l’opposition. Au lieu de cela, nous pourrions nous intéresser à ce qu’il vit en lui exprimant qu’il semble trouver difficile de se lever ce matin-là et l’inviter à nous en parler.
Voici quelques questions pour ajuster notre intervention à l’enfant:
Que s’est-il passé avant le comportement de mon enfant ?
Que se passe-t-il après le comportement de mon enfant ?
Quel est le besoin derrière le comportement de mon enfant ?
Quelles sont les capacités et les limites de mon enfant pour faire face à la situation ?
Prendre une pause dans le temps pour bien analyser les besoins derrières les comportements
Notre mode de vie peut nous poser des défis lorsque vient le temps de nous connecter à nos propres émotions. Effectivement, il peut nous sembler difficile de nous mettre sur le mode «pause» pour prendre le temps de vivre pleinement la relation avec notre enfant. Malheureusement, en l’absence de ces moments de pause, nous pouvons passer à côté de ce qui compte vraiment pour nous et l’enfant.
Pour mieux accompagner l’enfant dans ses émotions, on veut d’abord créer de l’espace en nous (prendre contact avec nos propres émotions) pour être en mesure d’en faire à l’autre (notre enfant qui a besoin d’être accompagné dans sa gestion d’émotion).
Pour cela, on doit se mettre en mode observation et adopter une posture de témoin de soi et de l’autre. C’est un peu comme si on s’installait intérieurement dans son cinéma pour regarder le film de sa vie. Par cette posture de témoin, le recul qui se crée face à la situation permet de faire émerger les émotions sous-jacentes à notre fonctionnement cognitif axé sur les tâches concrètes. En prenant conscience de nos émotions, nous serons moins réactifs et davantage disposés à accompagner notre enfant dans ses émotions.
Faire confiance à son instinct de parent
En prenant cette pause intérieure, cela nous permet de prendre le temps de nous relier à ce qu’il y a de plus important pour nous comme individu et comme parent, c’est-à-dire nos valeurs et nos objectifs.
En nous recentrant ainsi sur l’essentiel, nous avons alors l’occasion de clarifier et de laisser émerger l’intervention qui sera la meilleure puisqu’elle sera directement liée à nos forces, nos priorités, nos expériences et notre compréhension à l’égard de notre enfant. L’instinct de parent peut donc être décrit comme étant cette connaissance et cette confiance en vos actions et paroles qui vous viennent naturellement lorsque vous avez pris le temps et l’espace pour ressentir, observer et réfléchir à la situation.
En d’autres termes, prendre le temps de vous synchroniser aux émotions de votre enfant vous permettra de vivre des interactions familiales beaucoup plus riches.
Pour aller plus loin
Hammarrenger, B. (2022). De l'opposition à la communication : Entendre et comprendre vraiment vos enfants et vos adolescents. Midi Trente Éditions.
Un peu plus sur l'autrice
Estelle est diplômée à la maîtrise en psychoéducation par l’UdeM. Son parcours est doté de mentions d’excellence et d’une bourse d’engagement. Depuis dix ans, elle pratique comme clinicienne dans le domaine des dépendances, au scolaire, en itinérance, multiculturel, gériatrie, pédiatrie sociale, coopération internationale ainsi qu'auprès de familles, enfants, ados et adultes à la clinique CERC. Principalement psychoéducatrice, Estelle est aussi gestionnaire d’un service de psychoéducation, chargée de cours ainsi que conférencière.