Introduction
Comme parents, nous avons tendance à montrer à nos enfants comment faire à partir de nos expériences personnelles. Mais est-ce que ces moyens sont les plus efficaces pour votre enfant? Et s’il y en avait d’autres? Comment pourrais-je les appliquer avec mon enfant? Dans cet article, découvrez les croyances associées à l’apprentissage des tables et des stratégies efficaces pour soutenir votre enfant dans l’apprentissage des tables.
Avant de commencer votre lecture, je vous propose de vous questionner par rapport à l’apprentissage des faits numériques, qu’on appelle souvent les tables. Répondez-y du mieux que vous pouvez avant même de lire les prochains paragraphes. L’objectif de cette démarche? Vous amener à réfléchir sur vos propres croyances et à ajuster les stratégies que vous utilisez pour aider votre enfant plus efficacement au quotidien.
Les croyances liées à l’apprentissage des tables
Chronométrer son enfant consiste à mesurer sa capacité à trouver une réponse. Les activités chronométrées servent donc à vérifier l’automatisation plutôt que la maitrise des tables. On parle d’automatisation lorsqu’un enfant est capable de trouver la réponse en moins de trois secondes en faisant appel à sa mémoire ou à des stratégies très efficaces. Cependant, les activités chronométrées peuvent engendrer du stress chez l’enfant. Cela peut nuire à sa motivation et à son sentiment de compétence par rapport aux mathématiques. Surtout, ces activités ne permettent pas à l’enfant de prendre le temps d’utiliser d’autres stratégies pour calculer.
À court terme, la mémorisation des tables peut aider votre enfant à donner une réponse rapidement. Pour maintenir les apprentissages en mémoire, il faudra les espacer dans le temps. De plus, la mémorisation à elle seule ne permet pas à votre enfant de développer d’autres stratégies efficaces. Par exemple, si votre enfant doit vous dire combien font 7 x 8 en se fiant uniquement à sa mémoire, il pourrait ne pas parvenir à trouver la réponse. Par contre, il pourrait utiliser d’autres stratégies comme celles des doubles; 7 x 7 font 49, alors 7 x 8 font 56 (on ajoute 7 à 49) au lieu d’essayer de s’en rappeler, de se fier uniquement à sa mémoire.
La calculatrice peut être un outil intéressant pour mettre en relation des tables. Par exemple, votre enfant doit apprendre 6 x 4 = 24. Vous pourriez lui demander de trouver deux autres façons d’arriver à la même réponse avec d’autres nombres. Il pourrait s’agir de 2 x 12 ou 3 x 8. Vous pourriez fournir à votre enfant un des deux nombres à multiplier pour trouver la réponse souhaitée. Il devrait alors utiliser différentes stratégies, comme les opérations inverses pour y arriver. Aussi, vous pourriez lui demander de trouver la somme équivalente à 8 +7 sans utiliser la touche 8. La calculatrice devient donc un outil pour explorer d’autres possibilités pour arriver à un même résultat.
Le jeu rend ludique l’apprentissage des mathématiques et c’est beaucoup plus motivant pour les enfants. Par exemple, avec un simple jeu de cartes, on peut jouer à la bataille en étant le premier à trouver la somme (l’addition) ou le produit (la multiplication) qui correspond à la carte retournée avec celle de la pioche. Ou encore, on peut choisir un nombre au hasard et choisir deux cartes dans notre jeu qui se rapprochent le plus possible de ce nombre en effectuant l’opération demandée.
Il est important que votre enfant apprenne à utiliser différentes stratégies pour maitriser ses tables. Pour y arriver, il n’est pas nécessaire de les apprendre par cœur. Il est également important de mettre en relation les tables de l’addition avec celles de la soustraction. Par exemple, pour trouver la réponse 16 - 7, votre enfant pourrait se demander combien il me faut ajouter à 7 pour arriver à 16? Ainsi, il pourrait ajouter 3 pour se rendre à 10, puis 6 pour se rendre à 16. La réponse à 16 - 7 sera donc 9. Il en va de même pour les tables de la multiplication et de la division. Pour maitriser les faits numériques, votre enfant doit absolument avoir une représentation claire des points d’ancrage 5 et 10 qui serviront de repères pour établir des liens entre les nombres et pour effectuer des calculs mentalement avec plus d’aisance.
Tous les enfants peuvent apprendre les tables, ayant ou non des défis liés à l’apprentissage. Pour y arriver, il faut, par exemple, recourir à d’autres moyens que la mémorisation et les activités chronométrées. Ces deux derniers exemples sont plutôt axés sur l’automatisation pour trouver une réponse, alors que les stratégies permettent un apprentissage en profondeur. De plus, ces dernières viennent compenser les difficultés qui peuvent être liées à la récupération de l’information en mémoire et la capacité à traiter plusieurs informations mentalement (mémoire de travail). Par exemple, pour résoudre les opérations suivantes, votre enfant pourrait utiliser différentes stratégies :
7 + 6 = ▢ → Ici, votre enfant pourrait utiliser la stratégie des quasi-doubles : 7 +7 = 14, donc je retranche 1 à 14 pour trouver la réponse. 7 + 6 donnent donc 13.
4 + 9 = ▢ → Ici, votre enfant pourrait utiliser 10 comme point d’ancrage : 4 + 10 = 14, donc je retranche 1 à 14 pour trouver la réponse. 4 + 9 donnent donc 13.
6 x 8 = ▢ → Ici, votre enfant pourrait utiliser les tables de cinq : 5 x 8 = 40, donc j’ajoute 8 à 40 pour trouver la réponse. 6 x 8 donnent donc 48.
Conclusion
Finalement, pour maitriser les tables ou les faits numériques, l’enfant doit apprendre à utiliser différentes stratégies efficaces. Que ce soit les points d’ancrage 5 et 10 (3 + 4 → 5 + 2) ou (8 + 4 →10 + 2), les doubles (7 + 8 → 8 + 8 - 1) pour l’addition, multiplier par 2, 5 et 10 (4 x 3 → 4 x 2 + 4) ou (6 x 12 → 5 x 12 + 12), les carrés (7 x 8 → 7 x 7 + 7) pour la multiplication. Vous pouvez également utiliser des supports visuels comme une droite numérique pour aider votre enfant à se faire une bonne représentation mentale et à établir des relations entre les nombres. Pour travailler les tables de multiplication de 5, vous pourriez utiliser l’horloge en demandant à votre enfant de déterminer, par exemple, combien il y a de minutes si la petite aiguille se situe sur le 7.
Pour aller plus loin
Bay-Williams, J. et KING, J.; adaptation St-Pierre, A. (2023). Développer la fluidité en mathématiques : stratégies, jeux et outils d’évaluation pour favoriser la maitrise des faits numériques, Montréal. Chenelière éducation, p. 176 (didactique, sciences et mathématiques).
Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec. (2019). Référentiel d’intervention en mathématique. [Fichier PDF], 62 p. [http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/dpse/adaptation_serv_compl/Referentiel-mathematique.PDF].
Van de Walle, J. A. et Lovin, L. H. (2007). L’enseignement des mathématiques: L’élève au centre de son apprentissage: deuxième année du deuxième cycle et troisième cycle du primaire, Montréal. ERPI, tome 2, p. 416(collection).
Un peu plus sur l'autrice
Marie-Lou a commencé sa carrière dans le monde de l’éducation en tant qu’enseignante en adaptation scolaire. Rapidement, elle s’est intéressée à l’orthopédagogie, domaine dans lequel elle s’est spécialisée au cours des 15 dernières années. De plus, elle a agi en tant que conseillère pédagogique pour outiller les enseignants dans l’adoption de pratiques d’enseignement inclusives et différenciées en salle de classe ordinaire. Marie-Lou a également contribué à la mise en place d’outils d’aide à la lecture et à l’écriture pour soutenir les élèves rencontrant des défis d’apprentissage.