Organiser sa classe pour soutenir des sous-groupes d’élèves tous les jours, c’est possible!
Introduction
Comme enseignant, on aimerait être en mesure d’actualiser le plein potentiel de chacun de nos élèves. Malheureusement, malgré toute notre bonne volonté, on remarque parfois que certains élèves ont besoin de soutien supplémentaire, de rétroaction orale personnalisée, d’une mini-leçon spécifique, d’un modelage de procédure, etc. étant donné leur diversité. Dans le tourbillon essoufflant de la classe et des adaptations à apporter, il peut sembler difficile de trouver du temps au quotidien pour soutenir des sous-groupes d’élèves. Cet article dévoile quelques astuces pour faciliter l’organisation de sous-groupes de besoin en classe par l’enseignant.
Les sous-groupes de besoin ne sont pas uniquement réservés à l’orthopédagogue
Dans nos écoles, on voit depuis plusieurs années une organisation des services aux élèves basée sur des systèmes de soutien à paliers multiples, comme le RAI. Le modèle RAI propose un système préventif d’enseignement et d’intervention à trois niveaux, reposant sur la collecte de données, le dépistage et le suivi des progrès des élèves.
Le niveau 1 correspond à l’enseignement et la différenciation en classe pour tous les élèves, généralement dans une approche inclusive selon la conception universelle de l’apprentissage. Cela devrait répondre aux besoins de 80 % des élèves du groupe. L’espace prof de l’Institut TA regorge de contenus pour vous soutenir à ce niveau.
Des pratiques universelles et probantes pour tous les élèves;
La différenciation pédagogique;
Les périodes de récupération offertes par l’enseignante à l’ensemble du groupe;
Un modelage effectué par l’enseignant à propos d’une stratégie d’écriture.
Le niveau 2, réservé aux 20 % des élèves résistants à l’intervention du niveau 1, correspond à une intensification des interventions en petits groupes, que ce soit avec l’enseignant ou l’orthopédagogue. Le présent article aborde donc le rôle de l’enseignant au niveau 2.
Les sous-groupes de besoin en orthopédagogie ou en classe par l’enseignant;
Du coenseignement avec l’orthopédagogue;
Des suivis de progression fréquents, ciblés pour certains élèves.
Le niveau 3 est réservé à une minorité d’élèves ayant besoin d’interventions individualisées par des spécialistes.
La mise en place d’un enseignement individualisé;
L’intégration de services externes.
Il est donc important de comprendre qu’au niveau 2, il ne s’agit pas uniquement du travail de l’orthopédagogue que d’offrir des sous-groupes de besoin aux élèves, mais également de celui de l’enseignant.
Avant toute chose : un mot sur la fameuse récupération
Il est nécessaire de distinguer une récupération d’un moment d’enseignement et de rééducation en petits groupes. Le moment d’enseignement en sous-groupe au niveau 2 du modèle RAI est une approche proactive et planifiée visant à fournir un soutien spécifique et individualisé aux élèves ayant des besoins particuliers, tandis que la récupération sur l’heure du dîner est souvent plus informelle et moins ciblée en termes d’intervention.
Cette forme de soutien est souvent moins structurée et moins planifiée que le moment d’enseignement en sous-groupe du niveau 2 du modèle RAI.
Elle peut être proposée de manière informelle en invitant les élèves à rester avant d’aller dîner pour poser des questions ou recevoir une aide supplémentaire sur un sujet spécifique.
La récupération est généralement ouverte à tous les élèves et ne répond pas nécessairement à des besoins spécifiques identifiés.
Bien qu’elle puisse être utile pour certains élèves, elle ne remplace pas le besoin d’interventions structurées et spécifiques pour les personnes qui ont des difficultés d’apprentissage persistantes.
Ce moment d’enseignement fait partie intégrante du modèle de réponse à l’intervention (RAI), qui vise à fournir un soutien ciblé et spécifique aux élèves ayant des besoins particuliers, en classe, et non, dans un temps supplémentaire (sous-groupes prévus quotidiennement pour travailler la fluidité en lecture).
Il implique généralement une planification proactive et une mise en œuvre intentionnelle de stratégies d’enseignement différenciées pour répondre aux besoins individuels des élèves.
Les groupes sont souvent plus petits, ce qui permet à l’enseignant.e de fournir un soutien accru et de répondre aux besoins réels des élèves concernés.
Les interventions peuvent être basées sur des données recueillies lors de l’évaluation des besoins des élèves et sont souvent fréquentes et planifiées pour une progression souhaitable.
Nous vous invitons à planifier des moments d’enseignement en sous-groupe dans la classe. Bien que la récupération ait son utilité, ces moments en petits groupes seront efficaces pour soutenir vos élèves et surtout, maintenir leur motivation. Soyons honnête, aimons-nous travailler sur l’heure du dîner nous-mêmes?
Par où commencer si je souhaite mettre en place des sous-groupes de besoin en classe?
Après avoir accompagné plusieurs enseignants dans la mise en place de sous-groupes de besoins en classe, le plus difficile n’était pas de planifier l’intervention, mais bien d’organiser le fonctionnement pour rendre ce moment optimal. On le sait, lorsque l’enseignant.e travaille avec un petit groupe d’élèves, les autres doivent demeurer autonomes et ne pas les déranger. Cela s’enseigne explicitement. Voici 3 suggestions pour faciliter votre gestion de classe :
1. Les ateliers rotatifs ou les 5 au quotidien
Durant une période d’ateliers de 30 minutes, la classe est divisée en petits groupes. En début de semaine, 4-5 ateliers sont présentés et expliqués. Les élèves sont donc prêts et autonomes au moment venu. Tous les jours, les élèves vivent un des ateliers. Le travail avec l’enseignant.e peut correspondre à l’un des ateliers, ce qui lui permet de voir tous les élèves. Cependant, pour un soutien plus accru à certains jeunes, il est possible de substituer un ou des ateliers pour du travail avec l’enseignant.
Les 5 au quotidien, peu importe l’âge des élèves du primaire, est une merveilleuse solution qui permet à l’enseignant de réduire le temps de planification, tout en amenant les élèves à développer leurs compétences en littératie.
2. Le plan de travail
Il s’agit d’une excellente façon de placer vos élèves en travail autonome. En début de semaine, la liste des tâches à faire pour le vendredi est affichée au tableau en ordre de priorité. Elle comporte même des options d’enrichissement pour les élèves plus avancés. Cela permet aux élèves d’accomplir le travail à leur rythme, un peu chaque jour. Souvent, je permettais aux jeunes de changer de place ou d’écouter de la musique durant ces moments. Il s’agissait également de la période idéale pour soutenir des petits groupes d’élèves. Évidemment, si le plan de travail comporte des tâches qui manquent de clarté ou d’explications, les élèves viendront certainement poser des questions pendant que vous faites de l’enseignement en petits groupes. Assurez-vous du niveau de complexité des tâches.
3. Le coenseignement avec l'orthopédagogue
Finalement, une excellente façon d’assurer un suivi de niveau 2 comme enseignante est d’inviter l’orthopédagogue en classe avec vous. En effet, lors d’une tâche d’écriture, vous pourriez travailler avec quelques élèves et l’orthopédagogue aussi. De cette manière, on assure le transfert des stratégies travaillées avec les élèves dans son bureau. Cela vous permet également d’assurer une cohérence entre vos interventions et de discuter de vos observations. Finalement, moins d’élèves travaillent seuls de manière autonome puisque deux sous-groupes sont pris en charge.
Pour aller plus loin
Lefebvre, P. (2022). Les systèmes de soutien à paliers multiples et la collaboration pour mieux répondre à la diversité des apprenants. Récupéré sur https://www.taalecole.ca/sspm-collaboration/
Desrochers, A., Guay, M. (2020). L’évolution de la réponse à l’intervention : d’un modèle d’identification des élèves en difficulté à un système de soutien à paliers multiples [Document PDF]. Récupéré sur https://www.erudit.org/fr/revues/enfance/2020-v7-enfance05384/1070381ar.pdf
Leclerc, L. (2020). Le coenseignement et la différenciation pédagogique pour soutenir les besoins spécifiques des élèves à risque, en situation de handicap ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage à l’éducation préscolaire [Document PDF]. Récupéré sur https://www.erudit.org/fr/revues/ef/2020-v48-n2-ef05812/1075035ar.pdf
Gagnon, L. (2021). Le coenseignement : les bénéfices semblent bien réels. Récupéré surRIRE — CTREQ https://rire.ctreq.qc.ca/le-coenseignement%E2%80%AF-les-benefices-semblent-bien-reels/
Un peu plus sur l'autrice
Détentrice d’un baccalauréat en adaptation scolaire et sociale, Marie-Philippe a travaillé en classes spécialisées ainsi qu’en orthopédagogie en milieux scolaires et privés. Présentement gestionnaire et créatrice de contenus à l’Institut des troubles d’apprentissage du Québec, elle satisfait sa curiosité professionnelle en collaborant avec des experts et pédagogues passionnés. Consultante pour l’entreprise ALEO VR, Marie-Philippe conçoit des jeux visant à rééduquer les troubles spécifiques en lecture grâce à la réalité virtuelle. Elle a également fondé l’entreprise ScolAide qui vise à outiller le plus grand nombre d’enseignants et d’élèves en difficulté par le biais de conférences, consultations, capsules vidéos et documentation en ligne. Passionnée de littérature jeunesse et récipiendaire du prix Étincelle de reconnaissance en lecture du MEES, elle a complété un microprogramme en didactique cognitive des difficultés d’apprentissage de la lecture-écriture à l’UQAM et collabore au blogue J’enseigne avec la littérature jeunesse.