L’importance de la collaboration au secondaire
Introduction
L’apprentissage collaboratif ou par les pairs est un type d'apprentissage qui implique que les élèves travaillent en petits groupes pour résoudre un problème, accomplir une tâche ou créer une production. La coopération et les interactions occasionnées par ce travail en groupe ont de nombreux impacts bénéfiques sur les performances et le développement des habiletés des élèves. Découvrez les mécanismes en jeu dans ce type d’apprentissage, ses impacts, ainsi que des conseils pour l’implanter avec succès dans votre salle de classe.
Pourquoi la collaboration facilite-t-elle les apprentissages?
Les études en neurosciences démontrent qu’une des méthodes les plus efficaces pour aider les élèves à comprendre et à retenir le contenu enseigné est d’élaborer des liens entre le contenu à apprendre et les connaissances antérieures des élèves.
L’élaboration implique de reformuler les informations dans ses propres mots, d’expliquer ses idées en détail et de créer des liens entre ce qui est en train d’être travaillé et ses connaissances antérieures. Pour ce faire, questionnez vos élèves et laissez-les élaborer leurs réponses en sous-groupes. L’interrogation qui favorise l’élaboration consiste à se poser certaines questions concernant le pourquoi et le comment de ce qui est en train d’être appris.
Voici des exemples d’interrogations qui favorisent l’élaboration :
Selon vous, pourquoi l’homme est-il devenu sédentaire ?
Comment savez-vous que l’hypothèse de votre démarche scientifique est plausible ?
Pourquoi avez-vous accordé ce participe passé, mais pas celui de la phrase suivante ?
Comment se fait-il que les basses terres du Saint-Laurent soient les plus fertiles au Québec ?
En travaillant en groupe, les élèves s’engagent de façon active dans leur apprentissage en communiquant, en débattant, en s’aidant mutuellement et en se donnant de la rétroaction. À travers cette communication, les élèves se posent des questions sur le contenu enseigné, reformulent le problème, critiquent des théories, expliquent et justifient leur pensée aux autres membres de l’équipe, etc. Ils bénéficient alors de l’écoute et de l’aide de leurs pairs, ce qui leur permet d’entendre des concepts ou des solutions expliquées différemment. Tous ces types d’interaction favorisent un apprentissage plus rapide et plus profond.
Quels sont les impacts de l’apprentissage collaboratif?
Les études ont montré une diversité de bénéfices découlant de l’apprentissage collaboratif. En plus d’optimiser la compréhension et la rétention des apprentissages, les élèves développent leurs habiletés de raisonnement critique, car ils doivent débattre avec leurs pairs, justifier leurs idées et analyser celles de leurs pairs. Cela leur permet également de travailler leur flexibilité cognitive, puisqu’ils doivent comprendre et prendre en compte le point de vue des autres membres de l’équipe, envisager une idée ou une façon différente de résoudre le problème, ou créer des solutions en groupe.
Au niveau affectif, le travail collaboratif permet aux élèves d’améliorer leur sentiment de compétence et leur motivation. On observe donc un changement d’attitude chez les élèves : ils gagnent confiance en leurs capacités à exécuter des tâches, car ils ont un accès facilité et immédiat au soutien de leurs pairs. Enfin, le contexte du travail en équipe donne également l’occasion aux élèves de développer leurs habiletés sociales. La coopération les entraîne à s’entraider et à se soutenir mutuellement tout en développant leur bienveillance.
Comment implanter l’apprentissage collaboratif dans ma classe?
Vous êtes maintenant convaincu que l’apprentissage collaboratif est bénéfique pour vos élèves et souhaitez l’implanter dans votre classe ? Voici comment le faire.
Les recherches suggèrent qu’il est préférable de créer de petits groupes, par exemple de 4 élèves. Il est également recommandé de créer des groupes équilibrés en incluant une variété de niveaux d’aisance en fonction de la matière. Ainsi, pour un groupe de 4 élèves, on pourrait inclure 1 élève plus faible, 2 élèves de niveau moyen et 1 élève fort. Cette façon de structurer les groupes permet à la fois de maximiser la participation dans le groupe en tenant compte de la diversité et les interactions de type questionnement, explication ou justification.
Chaque groupe reçoit une tâche ou un problème à résoudre et a pour instruction d’orienter ses interactions pour atteindre successivement ces objectifs :
S’expliquer le problème ;
L’approcher de différentes perspectives ;
Analyser et comparer les différentes perspectives ;
Considérer différentes stratégies pour résoudre le problème ;
Choisir ensemble ce qui semble la meilleure solution.
Si l’équipe est bloquée à une phase du processus ou ne parvient pas à se mettre d’accord sur une solution pour résoudre le problème, ils peuvent alors demander l’aide de l’enseignant. Ce dernier peut donner au groupe des rétroactions de type étayage en fournissant un indice, un modèle, une réponse partielle ou en aidant le groupe à décomposer la tâche.
À la fin de l’activité, les idées principales devraient être discutées en grand groupe. Ce sera l’occasion pour le professeur de fournir des explications additionnelles à la classe quant aux difficultés qui ont été rencontrées par plusieurs groupes.
Afin de maximiser les interactions qui favorisent l’élaboration chez les élèves, on peut également leur fournir une méthode de travail favorisant la réflexion et la métacognition. Voici un guide ayant été élaboré par Kramarski et Mevarech (2003) pour les activités de groupe en mathématiques, mais qui peut être adapté pour d’autres matières. Il guide les élèves à travers une série d’étapes avec pour chacune une liste de questions à se poser pour orienter leurs réflexions et leurs interactions :
La guidance métacognitive
Ressources pour aller plus loin
Laal, M., & Ghodsi, S. M. (2012). Benefits of collaborative learning. Procedia-social and behavioral sciences, 31, 486-490.
Kramarski, B., & Mevarech, Z. R. (2003). Enhancing mathematical reasoning in the classroom: The effects of cooperative learning and metacognitive training. American educational research journal, 40(1), 281-310.
Un peu plus sur l'autrice
Détentrice d’un doctorat en neuropsychologie, Frédérique Escudier a acquis une solide expertise en tant que neuropsychologue en travaillant auprès d’enfants, d’adolescents et d’adultes aux prises avec des difficultés d’apprentissage. Elle s’est spécialisée au cours de sa carrière sur les neurosciences de l’éducation et plus particulièrement sur les meilleures stratégies d’étude validées par la science. Elle est co-auteure du livre « Savoir apprendre pour réussir ».