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Choisir son chantier de perfectionnement pour l’année en 5 étapes

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Introduction

L’évolution pédagogique est un chemin constant dans lequel nous nous engageons pour améliorer nos pratiques et favoriser l’apprentissage de nos élèves tout en répondant aux défis de l’éducation d’aujourd’hui. Alors que quelques enseignants sont plus réticents à changer leurs pratiques, d’autres se fixent un nombre élevé d’objectifs chaque année et peinent à reprendre le dessus. Pour qu’un changement dans nos pratiques soit durable, il exige une introspection profonde de la part de l’enseignant. Dans cet article, nous explorerons comment voir plus clair en tenant également compte de divers facteurs tels que le projet éducatif de l’école et les résultats scolaires des élèves.

1. Se connaître : un pilier fondamental

Le premier pas vers une évolution pédagogique réussie consiste à se connaître soi-même en tant qu’enseignant.e. Cela implique de réfléchir sur ses propres forces et défis. Les forces peuvent inclure des compétences exceptionnelles dans la gestion de classe, la créativité pédagogique, la maîtrise approfondie de concepts à enseigner ou encore une forte empathie envers les élèves. D’autre part, les défis peuvent émerger de lacunes technologiques, de difficultés à adapter son enseignement à une matière en particulier ou différents styles d’apprentissage, ou encore de la peur du changement.

La première étape de ce processus d’autoévaluation consiste à recueillir des données objectives sur sa propre pratique. Il est intéressant d’utiliser des outils tels que l’observation des pairs, l’évaluation par les élèves ou même l’analyse de résultats scolaires. Ces données fournissent un point de départ réaliste pour comprendre sa propre performance.

2. Oser se remettre en question

L’autoévaluation objective doit être complétée par une introspection honnête. Il est essentiel de se poser des questions difficiles sur sa pratique, de remettre en question ses méthodes et de réfléchir aux raisons sous-jacentes des défis identifiés. Est-ce un manque de ressources, de formation ou simplement une résistance personnelle? Qu’est-ce que je pourrais modifier ou ajouter à ma pratique pour améliorer mes compétences?

L’introspection nécessite également de reconnaître que le perfectionnisme peut être un obstacle au changement durable. Parfois, mieux vaut en faire moins, mais mieux. La volonté de tout faire parfaitement peut conduire à une paralysie de l’action ou à l’inverse, un éparpillement, un épuisement. Rappelons-nous que le changement est un processus continu et qu’il est acceptable d’avoir une croissance d’apprentissage et de perfectionnement sur plusieurs années.

3. Facteurs externes : le contexte de l’école

Pour cibler votre chantier de formation pour l’année, il faut également considérer le contexte plus large de l’école. Chaque établissement a son propre projet éducatif, ses valeurs et ses priorités. Comprendre comment sa propre pratique s’aligne ou non avec ces éléments est crucial. Si votre école mise sur la littérature jeunesse, le numérique ou l’écocitoyenneté, vous pouvez vous former en lien avec l’entretien de lecture, la programmation ou l’apprentissage par la nature avant de vous lancer dans les cercles de philosophie, les causeries mathématiques, etc. Un n’empêche pas l’autre, mais il demeure important de considérer vos limites et vos ressources.

Les enseignants devraient prendre le temps d’explorer le projet éducatif de l’école et de discuter avec leurs collègues pour comprendre les attentes et les objectifs communs. Il est possible que les défis identifiés individuellement soient également des défis systémiques qui nécessitent une approche collective pour être surmontés.

4. Les résultats scolaires : un indicateur pertinent

Les résultats scolaires des élèves fournissent une perspective importante lors de la détermination des priorités de changement. L’analyse des données de réussite, comme les résultats aux épreuves du MEQ ou encore les tests de dépistage ponctués dans l’année, peut aider à identifier les domaines dans lesquels nos pratiques pédagogiques ont un impact significatif. Cela peut également mettre en lumière un arrimage de pratiques entre les niveaux. Par exemple, des difficultés notables en écriture peuvent pousser un cycle entier à enseigner de manière cohérente les régularités orthographiques, à faire des ateliers d’écriture ou encore des dictées métacognitives.

Cependant, il est important de ne pas se limiter aux chiffres bruts. Une compréhension approfondie des forces et des défis individuels, combinée à une analyse nuancée des résultats scolaires, permettra aux enseignants de choisir des objectifs de changement pertinents et réalisables.

5. Choisir son chantier

Après avoir considéré les 4 points précédents, je vous invite à choisir un chantier de formation à planifier pour l’année prochaine (formations, demandes de libération, achat de matériel, lectures à prévoir, etc.) En faisant cet exercice en fin d’année, vous arriverez en septembre prêts à commencer la nouvelle année sur le bon pied.

Choisir un objectif prioritaire de changement de pratique pédagogique ne signifie pas ignorer d’autres domaines d’amélioration. Cela signifie plutôt de concentrer ses efforts sur une dimension précise tout en restant ouvert aux ajustements au fur et à mesure de l’évolution de la pratique. Et n’oubliez pas, l’évolution pédagogique n’est pas un parcours solitaire. La collaboration avec les collègues est un élément clé pour un parcours plaisant.

Pour aller plus loin

À consulter

Modèle socio-technique, Estelle M. Morin, Ph D., 2021. Tous droits réservés. www.marvinweisbord.com, Modifié : FÉEP, novembre 2021.


Marie-Philippe Goyer
Orthopédagogue à l'Institut des troubles d'apprentissages

Un peu plus sur l'autrice

Détentrice d’un baccalauréat en adaptation scolaire et sociale, Marie-Philippe a travaillé en classes spécialisées ainsi qu’en orthopédagogie en milieux scolaires et privés. Présentement gestionnaire et créatrice de contenus à l’Institut des troubles d’apprentissage du Québec, elle satisfait sa curiosité professionnelle en collaborant avec des experts et pédagogues passionnés. Consultante pour l’entreprise ALEO VR, Marie-Philippe conçoit des jeux visant à rééduquer les troubles spécifiques en lecture grâce à la réalité virtuelle. Elle a également fondé l’entreprise ScolAide qui vise à outiller le plus grand nombre d’enseignants et d’élèves en difficulté par le biais de conférences, consultations, capsules vidéos et documentation en ligne. Passionnée de littérature jeunesse et récipiendaire du prix Étincelle de reconnaissance en lecture du MEES, elle a complété un microprogramme en didactique cognitive des difficultés d’apprentissage de la lecture-écriture à l’UQAM et collabore au blogue J’enseigne avec la littérature jeunesse.

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